France-Biélorussie : Le dialogue entre les cultures passe par la littérature

À l’occasion de la journée internationale de la francophonie Minsk a accueilli la toute première table ronde réunissant hommes de lettres, éditeurs et traducteurs de la littérature française venus de Biélorussie, de Russie et de France. Cet intérêt pour la traduction littéraire est bien fondé, car c’est le livre qui sert de monument à la gloire de l’actualité pour les générations à venir, et c’est par le livre que la culture du pays est transmise.

Parole aux organisateurs
La jeune équipe de France Group, société de conseil qui contribue au développement de relations entre la France et la Biélorussie, est sûre que la culture et la littérature traduite par de vrais professionnels reste un élément crucial dans les exportations d’un pays. En France on l’a compris il y a des années. Il est important aujourd’hui de créer une image positive de la Biélorussie sur les marchés européens et notamment sur le marché français. Nous avons essayé par cet échange d’opinions de déclarer cette priorité et de montrer notre volonté de coordonner des projets franco-biélorusses à tous les responsables des relations entre nos pays au niveau national.

France-Biélorussie : Le dialogue entre les cultures passe par la littérature - table ronde

Littérature comme élément de l’identité nationale

M. Michel RAINERI, Ambassadeur de France en Biélorussie :
– La France ne garde pas l’exclusivité de sa langue, sa littérature et sa culture. Le français est notre
bien commun, que nous continuerons à partager avec tous ceux qui l’aiment, le parlent, et l’enseignent.

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M. Vladimir Stchastny, président de la commission nationale biélorusse pour l’UNESCO :
– La traduction est un pont entre les littératures et les cultures, mais la circulation sur ce pont doit
être assurée dans les deux sens, ce qui n’est pas encore le cas dans nos relations avec la France.
Pour ce faire, il faut porter la littérature biélorusse à la connaissance des lecteurs français. C’est
notre génération qui a eu l’honneur de restaurer la culture du pays pour créer des liens durables
entre les nations.

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Promouvoir la traduction des écrivains francophones dans l’espace post-soviétique

Mme Lise Talbot-Barré, Première Conseillère de l’Ambassade de France en Biélorussie :
– L’ambassade réalise plusieurs programmes pour promouvoir la littérature francophone, dont le
programme d’aide à la publication « Maxime Bogdanovitch ». Ce dernier a rendu possible la
publication de soixante-dix livres au cours de ces derniers 17 ans. Le programme permet de promouvoir la littérature moderne et de supporter les traducteurs.

Nadia Buntman, auteur de l’anthologie de la littérature française 1995-2005, traductrice
littéraire, maître de conférences à l’Université Lomonosov (Moscou) :
– Grâce au programme d’aide à la publication « Pouchkine » les lecteurs russes ont fait connaissance
de Chateaubriand, de Beckett, d’Ionesco et d’autres écrivains qui n’étaient pas traduits avant pour
des raisons politiques ou idéologiques. Pourtant, de nouveaux écrivains apparaissent et il faut les
traduire tout en tenant compte des intérêts des lecteurs russes.

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Anne Coldefy-Focard, directrice de la collection russe « Poustiaki » des éditions Verdier (Paris), professeur de traduction littéraire à l’Université Paris-Sorbonne :
– En Russie on a compris que la traduction des œuvres littéraires est importante pour la culture et
l’image du pays. On a fondé l’Institut de la traduction et l’on soutient la traduction de la littérature
russe en langues étrangères.
Un conseil d’expert qui réunit des traducteurs, des éditeurs et des critiques littéraires, détermine la
liste des écrivains qui ne détériorent pas l’image de la Russie dans leurs livres et qui peuvent donc
être traduits. Pourtant, ses décisions sont très conjoncturelles.

Littérature française dans l’édition biélorusse

Liliane Antsoukh, directrice des éditions « 4/4 » (Minsk, Biélorussie) :
– Le programme « Maxime Bogdanovitch » a suscité de l’intérêt pour la littérature française. Nous
avons publié la traduction du Dictionnaire des écrivains contemporains, Mémoire d’empreinte de
Brigitte Bouthinon-Dumas ainsi que Les peintre de l’école de Paris d’origine biélorusse.

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Dmitri Kolas, traducteur littéraire et éditeur :
– On ne peut rien publier sans le support qui vient de l’extérieur. C’est pourquoi nous remercions
l’ambassade française pour le programme « Maxim Bogdanovitch ». Il est toutefois dommage que
ce programme ne permette pas de financer les traductions vers le biélorusse. J’aimerais bien qu’au
moins une moitié de toutes les œuvres publiées dans le cadre du programme soit traduite en
biélorusse (comme au programme ukrainien « Grigori Skovoroda »).

Valentin MASLUKOV, éditeur adjoint de la revue littéraire « Vsemiranaya Littératura » :
– Notre revue bimestrielle a existé grâce au soutien de la France. Au cours des six ans qui ont
précédé sa fermeture nous avons publié 23 œuvres traduites du français.

Vladimir Stchastny:
– On peut vendre plus de livres électroniques. Ils coûtent moins que les livres en papier. Cela peut
être une option.

Valery Kislov (Saint-Pétersbourg), traducteur littéraire, poète, lauréat du Prix Maurice-Wachsmacher (2009):
– Les livres électroniques ont provoqué la chute des ventes en Russie. Le problème du piratage
existe.
Les traducteurs biélorusses ont l’avantage d’avoir deux langues maternelles, le russe et le
biélorusse. Ils pourraient publier les résultats de leur travail dans les maisons d’édition russes.

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Statut du traducteur littéraire en Biélorussie

M. Sviatoslav Seminitski, traducteur (Minsk, Biélorussie) :
– Il faut que les traducteurs se rencontrent et se parlent, il faut que les traducteurs parlent aux
auteurs. L’ambassade peut aider à organiser de telles rencontres.

Anne Coldefy-Focard :
– La traduction littéraire, il est difficile d’en vivre. C’est ainsi en France, c’est ainsi en Biélorussie
ou en Russie.

Youri Borisévitch, traducteur (Minsk, Biélorussie) :
– La traduction n’est pas un projet commercial. La France doit promouvoir sa littérature et la
Biélorussie doit promouvoir la sienne. Il est dommage que notre gouvernement ne contribue pas à
la traduction de la littérature biélorusse ni à la traduction de la littérature étrangère en biélorusse.

L’image de la littérature biélorusse en France

Anne Coldefy-Focard :
– La littérature biélorusse est très peu connue en France. On connaît Bykov, Svetlana Alexievitch.
Pour qu’on lise et traduise la littérature biélorusse il faut maintenir les contacts.

Andrei Khodanovitch, poète, traducteur littéraire, professeur de la littérature française
(Minsk, Biélorussie) :
– Plusieurs auteurs biélorusses ont créé leurs meilleurs œuvres après avoir séjourné à Paris
(exemple, Leonid Dranko-Maïsiuk et son livre « Fatigue de Paris »).

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Andréï Ditchenko, écrivain, observateur à la revue Bolchoï :
– La civilisation de l’Europe de l’est tire son origine de la France.

Valéri Kislov :
– Les média influencent beaucoup les sujets à la mode, il est ainsi dans le monde entier. Mais ils ne
déterminent pas les valeurs culturelles.
La table ronde a été organisée en partenariat avec l’ambassade de France en Biélorussie.

Pour plus de détails, rendez-vous sur : https://www.facebook.com/FranceGroup

Texte et photos: France Group (site web officiel http://www.francegroup.org

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